Sous la cascade [Pour ceux qui veulent...]

Sirius avait souvent entendu parler d'une grotte secrète derrière la cascade. En fait, c'était James qui lui avait fait part de cette découverte. Et à vrai dire, le jeune homme n'avait jamais vraiment pu faire l'expérience lui-même. Il avait presque toujours préféré la plage à la Cascade et maintenant, il était un peu tard pour aller faire trempette. En effet, il se remettait peu à peu de ses blessures qu'il avait récolté durant l'effroyable bataille contre les Mangemorts. Son sourire revenait un peu, en même temps qu'il guérissait. Ses jambes lui faisaient moins mal, et bien qu'il boitait un peu, il arrivait mieux à supporter la douleur qu'il y éprouvait. Son bras, par contre, était toujours supporté par son épaule grâce à un bandage. C'était ce qui l'énervait le plus. L'os avait était complètement brisé, et il faudrait encore attendre avant qu'il puisse se baigner. Il se souvenait d'ailleurs de sa réaction lorsqu'il l'avait appris. C'était pourtant évident, mais il l'avait toujours nié, jusqu'à ce qu'on le lui dise de vive-voix. Il avait été privé de l'océan si souvent par ses parents... Et maintenant qu'il en avait un devant lui, il peut à peine en profiter.

Mais il devait s'estimer heureux. Heureux de ne pas avoir péri ce soir-là, comme une bonne centaine d'élèves. Une fois de plus, comme à chaque fois qu'il y songeait (c'est-à-dire une fois toutes les deux minutes), il sentit son coeur se serrer étroitement. Les élèves qu'il avait vu mourir, plus particulièrement cette petite fille l'avait presque traumatisé. Oh, il avait déjà vu des personnes rendre l'âme, et cela il le devait à ses très chers parents. Mais c'était la première fois qu'il voyait quelqu'un d'apprécié, de cotoyé partir pour de bon. On ne pouvait pas dire que cette fille de première année était une amie. C'était même à peine une connaissance, mais elle était innocente ! Elle n'avait rien fait ! Une fois de plus, Sirius serra le poing, mais grimaça aussitôt. Il regarda alors la paume de sa main. Il s'y trouvait bien évidemment d'étranges petites cicatrices qui avaient saignés peu de temps auparavant. Et il savait ce que c'était. Il était si haineux ces temps derniers, tellement en colère contre les Mangemorts qu'il avait trop souvent "serrer le poing" et qu'ainsi, ses ongles s'enfonçaient dans sa chair, jusqu'au sang. Il soupira. C'était un réflexe complètement stupide. Il était suffisamment blessé pour ne pas s'infliger de telles cicatrices.

Puis il reprit sa route. Il était arrivé à présent à la fameuse Cascade. Il s'étonna alors de ne jamais s'y être baigné. Après tout, en la voyant ainsi, la seule chose qu'aurait voulu une personne comme lui, c'était sauter dedans. Et maintenant qu'il ne pouvait pas, il se maudit une nouvelle fois, avant de lancer un regard agacé à Akantha. Cette dernière aussi allait mieux. Elle marchait avec moins de difficultés et l'oeil au beurre noir que portait Sirius se reflétait sur elle aussi, à un endroit où son pelage avait curieusement foncé. Elle le regardait avec autant d'agacement dans le regard que lui, mais elle fut la première à s'apaiser. Elle serait toujours plus sereine que son maître, et elle lui dit:

- Allez, détends-toi un peu. Cesse de te torturer une fois pour toute...
- Quoi? fit l'autre, scandalisé par l'attitude de son familier, enfin, Akantha... Tu te rends pas compte des conséquences de ces batailles ?
- Bien sûr ! Mais il faut faire ton deuil ! Ce ne sera pas la dernière bataille. Et il faut se préparer à un éventuel assaut.

Sirius ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose mais se ravisa. Elle avait raison, bien entendu. Ce ne serait pas la dernière fois. Il devra se tenir prêt à riposter à une autre attaque des Mangemorts. Et il se promit que cette fois-là, les élèves de Poudlard vaincraient, et que Sirius serait impitoyable. Il protégerait les personnes qui lui sont chères et ne laisserait passer aucun sacrifice. Inspirant à fond pour se calmer, il se dirigea vers la Grotte Secrète avec un "Allons-y" en direction de la louve. Ils se remirent alors à marcher... Et ils arrivèrent bien vite dans la Caverne. Le sol était glissant et en plus de faire attention à l'allure à laquelle ils avançaient, ils devaient à présent se méfier de l'endroit où ils posaient leurs pieds, ou pattes. Habillé d'un jean, d'une chemise blanche et de sa cravate aux couleurs de Gryffondor qui était tout de même bien dénouée (Maraudeur avant tout), Sirius entendait ses propres pas résonner dans la grotte. Quand il entendit un autre bruit de flaque, comme si quelqu'un venait d'y sauter. Intrigué, il s'aventura un peu plus puis s'aperçut qu'il s'agissait d'une personne. Juliette. C'était une fille de Gryffondor qu'il connaissait plutôt bien... Il avait souvent parlé avec elle, et il fallait dire qu'elle n'était jamais contre leurs farces, ce qui avait pour don de ravir les Maraudeurs. Cependant, malgré le soulagement qu'il éprouva en remarquant qu'il ne s'agissait pas d'un intrus, il n'eut pas l'éternel immense sourire qu'on lui connaissait. Il eut seulement un léger sourire à son attention, c'était tout ce qu'il pouvait faire. Puis s'approchant d'elle, il dit:

Salut.

Akantha sur ses talons, Sirius fit quelques pas à l'intérieur de la caverne. Elle était étonnamment grande... Et elle devait être une bonne cachette pour des personnes en détresse. Mais ce serait trop facile lors d'une prochaine bataille. Les Mangemorts devaient sûrement en connaître l'emplacement et c'était peut-être un piège qu'ils avaient volontairement placé. À présent, c'était si évident que ça crevait les yeux. Mais il fallait dire que c'était un endroit très agréable, surtout lorsqu'on pouvait entendre le bruit de la Cascade qui coulait à quelques pas d'eux. Ainsi, lorsque Juliette le salua à son tour, le jeune garçon fit un petit tour de la grotte puis revint vers elle.

Il s'arrêta alors. Elle n'avait pas l'air à son aise... Etait-ce parce qu'elle était en la présence d'un Maraudeur ? Non, ça c'était un excès d'arrogance. Sirius avait toujours été arrogant, un trait de famille peut-être. Mais après tout, si elle se sentait mal à l'aise en sa présence, ce n'était pas ses affaires, et il songea un instant qu'il serait peut-être mieux finalement qu'il s'en aille. Restant planté là quelques instants, et se sentant au final complètement stupide, il se dit que ce serait la meilleure chose à faire. Mais il se ravisa. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé avec elle, ce pourrait être sympa de passer un peu de temps en sa compagnie. Un léger sourire traversa le visage cependant éteint du Gryffondor qui s'avança de quelques pas, pas qui faisaient résonner les parois de la grotte lorsqu'ils entraient en contact avec les flaques d'eau. La louve elle, quelque peu fatiguée, s'allongea dans un coin pas trop froid ni humide, et regardant avec curiosité le familier de Juliette. Sirius, lui, marchait avec un peu de difficultés, mais sans un mot, il détournait le regard de la fille. Il ne voulait en aucun cas qu'elle ait pitié de lui. Et oui... C'est qu'il détestait ça. Ignorant son regard, il s'assit alors à l'endroit où elle s'était quelques endroits auparavant et put étendre ses jambes de manière à se sentir plus à l'aise.
Il reporta alors son attention sur la Gryffondor et s'apprêta à dire quelque chose. Dis donc, elle n'était pas aussi bavarde qu'avant. Ce devait sûrement être à cause de l'horrible "nuit" qu'ils avaient tous passés. Mais elle le devança, car elle se mit à s'écrier presque qu'il avait été blessé et qu'il avait dû être vraiment courageux pour récolter de telles blessures. Il eut même un léger rire à cette remarque. Quant à elle, elle était restée en arrière pour aider. Sirius hocha la tête, avec un sourire aux lèvres. Ils auraient toujours besoin de personnes comme elles, doués en magie médicinale. Et puis, si elle avait sauver des personnes, ça ne pouvait être que bénéfique.

Ainsi, avec un sourire toujours un peu crispé au bout des lèvres, il répondit:

On est pas à Gryffondor pour rien. Mais je dois m'estimer heureux. Je suis pas si blessé que ça. Il y a des personnes qui ne pourront même plus marcher...

Après avoir dit ces quelques mots, le jeune garçon eut l'air légèrement plus sombre et s'arrêta un instant... Il en avait presque oublié le nom de sa très chère cousine Bellatrix... Puis il reprit en relevant la tête, le sourire revenu sur le visage:

Mais c'est aussi très courageux de soigner des personnes. D'en avoir sauvé même ! C'est génial ! Moi, je n'ai rien pu faire. J'étais trop blessé. Alors j'ai aidé, sans plus. J'en suis pas très fier.

Et c'était vrai. Ce n'était pas non plus sa faute, il n'avait pas fait exprès de se faire ainsi expulser, mais tout de même... Il se sentait toujours un peu honteux de ne pouvoir aidé un peu plus à cause de son état. Alors c'était parfois les autres qui s'occupaient de lui, pour son bandage par exemple. Et c'était ce qui l'agaçait le plus... Il se sentait complètement inutile...

Sirius qui regardait nerveusement une des parois de la grotte tourna le regard vers la jeune fille. Elle tentait peut-être de le réconforter ? Il fallait dire qu'elle avait des bons arguments... Et c'est d'ailleurs pour cette raison que le jeune homme eut un léger sourire, avec un brin de tristesse. Elle l'avait vu se battre ? Mais lui ne savait même pas qui il avait combattu ce soir-là (s'il s'agissait bien d'une soirée). Les Mangemorts étant tous masqués, il savait seulement qu'il avait affronté un homme qui connaissait sa famille. De toute façon, il devait être connu de tous les disciples de Voldemort... Connu sous le surnom du "Traître à son sang", ce qui l'amusait autant que cela l'exaspérait. En fait, il ne savait pas trop quoi en penser, mais être jugé de traître si on est du côté de Dumbledore est une bonne chose, et il était fier d'être à Gryffondor.

Ainsi, après avoir eu ce petit sourire à l'intention de la jeune fille, il répondit d'une voix dans laquelle on ne retrouvait plus le ton enjoué et enthousiaste qu'il avait toujours eu:

Oui... On deviendra plus fort. Merci, Juliette.

Même s'il la croyait peu. Il n'avait pas été aussi brave, ni plus doué qu'un autre. Quoi que... Il était Sirius Black. Lui et ses meilleurs amis étaient quand même devenus animagus par leurs seuls moyens. Ce n'était pas rien. Ainsi, après quelques secondes de silence, il demanda en jetant un coup d'oeil à Akantha qui se reposait un peu:

Et... tu t'en remets un peu de cette bataille ?

Après réflexion, il se demanda pourquoi il posait cette question. Il n'était pas au courant qu'elle avait perdu quelqu'un de cher, et ce même s'il n'avait pas vu Julie, sa meilleure amie qu'il connaissait bien également. Mais peut-être disait-il juste ça pour la conversation, aussi sinistre soit-elle.

Sirius détourna le regard de son familier pour le poser sur Juliette. En entendant la réponse qu'elle fournit, le jeune homme se figea. C'était comme si le bronzage dont il avait hérité depuis qu'il était là avait disparu. Elle parlait donc de Julie ? Julie était morte ? En entendant une pareille nouvelle, Sirius eut la mine plus sinistre encore. Il ne la connaissait pas assez pour éprouver autant de douleur que Juliette bien sûr, mais cette vague de haine, de confusion et de chagrin revint subitement. Il ne savait plus quoi dire à présent, surtout qu'elle avait rendu l'âme dans les bras de celle qui se trouvait devant lui. En effet, ce devait être une expérience assez traumatisante.Il 'imaginait alors vivant la même expérience avec James, ou bien Remus. Ou même Chanoux. Et en y pensant, il pâlit encore plus. C'est pourquoi il se passa une main dans les cheveux pour cacher sa nervosité, ce qui était totalement inutile puisqu'il ne parvenait pas à la cacher, puis il déglutit. Il laissa un petit silence s'installer entre eux. Mais ce silence était bien trop lourd à supporter, et Sirius répondit d'une petite voix en relevant le regard vers elle:

Oh, je... Je suis désolé... C'était une fille très bien... ça ne m'étonne pas qu'elle se soit battu jusqu'au bout.

Que pouvait-il dire d'autre ? "Toutes mes condoléances" ? Ce ne serait pas sincère. Et puis, c'était la vérité... C'était une fille bien. Mais lui qui avait commencé à se remettre de ces pertes, voila qu'il avait de nouveau un poids sur le coeur. Puis, après quelques seconde supplémentaires où il fut aussi troublé que lors des jours précédents, il réussit à focaliser de nouveau ses pensées sur la conversation et il ajouta:

Oh moi... Oui je m'en remets. J'ai moins de mal à marcher, comme tu vois. Je parle comme avant maintenant, pas avec cette affreuse voix. Mais... C'est assez horrible comme expérience. Un peu traumatisant pour tout le monde je crois.

Puis il ajouta, cette fois-ci trois fois moins fort:’

Mais j'ai eu énormément de chance...

Et c'était vrai. Le Gryffondor avait été incroyablement chanceux de ne perdre personne d'aussi chère que Julie l'était pour Juliette. Ils étaient tous en vie... et au final, il figurait parmi les plus "blessés" dans sa liste d'amis. Ce qui était un peu réconfortant, tout de même...

Sirius qui débattait encore sur l'incroyable chance qu'il avait pu avoir pendant cette fameuse bataille ne remarqua pas le nouveau silence qui s'était installé entre les deux jeunes adolescents. Le regard fixé sur Akantha se reposant sans vraiment la voir, il se rendit compte que Juliette venait de nouveau de prendre la parole. Reportant vivement son regard vers elle, il se immédiatement qu'elle avait raison. Il ne servait plus à rien de parler de la bataille désormais. Bien que le mal soit énorme, il était fait et c'était quelque chose que même les sorciers ne pourraient jamais réparés, même avec un de ces Retourneurs de Temps. De toute façon, le Gryffondor savait tellement peu de choses sur cet objet qu'il aurait été incapable de s'en servir si on le lui en donnait un. C'est pourquoi changer de sujet était une excellente. Ainsi, ça lui permettrait de faire un peu le vide et de penser à autre chose qu'à tous ces morts, ces blessés.

Pour leur donner du courage à chacun d'eux, il hocha la tête avec un sourire aux lèvres. Cette fois, on pouvait apercevoir le véritable Sirius Black, le garçon immature et arrogant que tout le monde connaissait. Il dit alors en se forçant d'avoir une voix un peu plus enthousiaste:

Oui, tu as raison. Mieux vaut prendre un peu de bon temps. J'étais venu pour ça de toute façon.

Ainsi, il s'arrêta là. Que pouvait-il dire, demander, si cela n'avait aucun rapport avec la bataille ? Peu importe de quoi il parle, ça les amènerait à parler de cette horrible soirée. C'est pourquoi le jeune homme se trouva un peu perdu en l'espace d'un instant. Mais il dit en montrant la Cascade du menton:

Au fait, tu t'y es déjà baignée ?

Se forçant toujours à sourire, Sirius se rendit compte que ce geste redevenait de plus en plus naturel. Car au repos, le jeune homme souriait toujours, d'un sourire désinvolte, insouciant. Tout le contraire de son frère ou de ses cousines qui lorsqu'ils souriaient était lorsqu'ils faisaient souffrir pour la plupart. Sauf Narcissa peut-être. On voyait bien qu'elle n'aimait pas trop ça, elle était sans doute trop faible... Mais un éclair de surprise traversa le regard de nuit de Sirius lorsqu'il songea à sa famille. Pourquoi y avait-il songé déjà ? Ils ne faisaient que retirer cette lueur de malice qui brillait perpétuellement dans les yeux du Gryffondor.

Mais cette lueur de malice revint cette fois-ci, pour la première fois de la journée, lorsque Juliette lui proposa d'aller se baigner. Lui aussi préferait la mer. Connaissant le Lac noir à Poudlard, cette Cascade pouvait lui rappeler le château. Mais l'océan... L'eau turquoise, les bancs de poissons, la chaleur du soleil sur la peau... C'était pour ça qu'il n'avait pas encore fait trempette ici. Et il en avait bien envie, mais ses bandages l'en empêchaient. Et il hésita. Oh et puis pourquoi pas, après tout ? Du moment qu'il y allait doucement.
Il s'apprêta alors à répondre à Juliette lorsqu'elle sauta dans l'eau et l'entraîna dans sa course sans lui demander son avis. Sirius se sentit tomber d'un mètre environ jusqu'à atteindre l'eau fraîche qui lui fit l'effet d'un coup de fouet. Mais ce qui le gênait le plus, c'était la douleur qu'il éprouvait, particulièrement à son bras. Ses jambes, cela pouvait encore aller. Mais en tombant, son bras se tordit légèrement. C'est pourquoi il ne comprit pas tout de suite ce qui était en train de lui arriver. Il avait à peine eu le temps de réaliser qu'il tombait qu'il était déjà au fond de l'eau. Cette eau qui était plus froide que l'océan, qui se rapprochait plus du Lac.

Les traits de son visage se crispèrent alors sous la douleur qu'il éprouvait et il resta longtemps sous l'eau. C'est pourquoi sa priorité devint vite l'air frais. Poussant au maximum sur ses jambes qui le suppliaient de les laisser en paix, il parvint à atteindre la surface et prit une grande inspiration. Il eut alors besoin de quelques secondes supplémentaires pour reprendre son souffle. Inutile de rappeler qu'il était trempé, sa chemise blanche était à présent devenue transparente. Ses jambes tiraient et son bras le lançait encore. Serrant un instant les dents, il se tourna vers Juliette, hilare, qui lui demandait s'il allait bien. Lui, il ne souriait pas. Etait-il sensé trouvé ça drôle ?

Peu importe ce qu'il en pensait, un sourire commença à se dessiner sur son visage. Et une formidable envie de rire le prit. Mais il se ravisa. Sirius Black était revenu. Il avait pratiquement oublié la bataille désormais, sauf peut-être les douleurs qui le torturaient. Mais voulant faire peur à la jeune fille, il dissimula son sourire derrière un masque agacé et se traîna douloureusement vers le bord de l'eau. Se hissant et s'asseyant dehors, il se rendit compte qu'ils étaient bien mieux dans l'eau. Mais il lança un regard de reproche à Juliette, ne souriant pas pour le moins du monde. Aussitôt, une voix résonna dans sa tête:

# - Quelle chute ! J'ai bien cru que tu aurais plus de blessures que ça ! Tu t'en sors bien #
# - Un peu oui ! Je m'appelle Sirius Black, non mais. #
# - Comme si tu y étais pour quelque chose... rappela Akantha d'un ton exaspéré
# - Bien sûr. Je suis très agile, tu sais. Même en tombant.#

Il avait dit cette dernière phrase d'un ton ironique et ne reçut pas de réponse. Et il savait pourquoi. La louve devait être heureuse de retrouver le véritable Sirius Black, aussi immature était-il. Mais il revint rapidement à la situation. Toujours assis sur la rive, faisant mine de retrouver son souffle, il avait toujours le regard froid et lança d'une voix forte qui était définitivement la sienne:

Quoi ?! Tu as failli me tuer ! Tu te rends pas compte que je suis blessé ?

Puis il attendit quelques secondes de plus, peut-être pour la faire culpabiliser ? Bah, il lui jouait juste un tour, rien de bien méchant, et même de bien mature. Mais il s'en fichait. Il ne voulait que passer du bon temps et oublier cette horrible soirée. C'est pourquoi, après avoir encore patienté, il sourit et se mit à éclater de rire, semblable à un aboiement. Il répondit après d'une voix amusée:

Non, ne t'inquiète pas, je vais bien. Je l'ai échappé belle, mais ça va. Je suis pas en sucre, tout de même.

Siirus avait toujours le sourire aux lèvres, mais lorsque Juliette s'excusa, il parut mal à l'aise à son tour. Bon, elle n'avait pas pris ça à la rigolade. À l'avenir il valait mieux éviter. Et pourtant, il avait enfin trouvé de quoi décompresser... Quand il entendit des bruits dans les fourrés. Il se retourna alors, perplexe. Et il eut la surprise de voir qu'il ne s'agissait pas d'un animal, ni d'un Mangemort... Mais de Chanoux. Une Chanoux hors d'elle visiblement. Le sourire du Gryffondor s'effaçait petit à petit comme si ce dernier cherchait désespérément à le garder un peu, ce qui était manifestement inutile. Avec un peu de peine, il parvint à se mettre debout, tandis qu'Akantha sautait prudemment de rochers en rochers pour venir le rejoindre. Sentant la tempête, elle se posta devant le jeune homme, regardant la Serdaigle de son regard doré.
Ce dernier hallucinait... Cela faisait bien deux jours qu'il n'avait pas vu sa petite-amie, mais il n'aurait imaginé qu'elle l'aurait cherché autant. Ils n'étaient pas mariés à ce qu'il sache. Et puis, il avait le droit de passer un peu de temps avec les Maraudeurs, même s'il aimait Chanoux.

En se postant face à celle-ci, il ne souriait plus du tout. Il avait seulement le regard un peu dur, terne, comme au début de la conversation qu'il avait eu avec Juliette quelques minutes plus tôt. Il ne comprenait pas comment elle pouvait aussi jalouse ! Ils ne faisaient rien de mal ! Il l'avait juste rencontré par hasard et ils passaient un peu de temps tous les deux. Il nota d'ailleurs le "avec elle". Comment ça avec elle ? Ce n'était pas une personne horrible, du moins d'après ce qu'il savait ! Elle n'était pas une de ces groupies qui le suivaient partout ! Voulant prendre la défense de la jeune fille, et se calmant intérieurement pour ne pas que la colère prenne le dessus, il s'exclama d'une voix forte en montrant Juliette d'un mouvement du bras:

Mais elle n'est pas une de ces filles ! On ne faisait rien de mal ! Et ça n'a absolument rien à voir avec ma promesse ! Elle ne fait pas partie de ces glousseuses !

"Glousseuse" c'était le nom qu'il donnait à ces filles lorsqu'il parlait d'elle négativement. Il fallait dire que pour la plupart, elles n'avaient pas beaucoup de cervelle et ne savaient que ricaner. D'où le surnom. Mais Chanoux continua, plus en colère et blessée qu'il ne l'avait jamais vu. Et voila qu'elle pleurait ! Ahuri, le Gryffondor se passa la main dans les cheveux et eut un long soupir. Elles étaient donc toutes jalouses ? Et la Serdaigle commença à lui faire un long monologue, comme quoi elle l'aimait, elle ne voulait pas le perdre. Sirius serra légèrement le poing, d'un mouvement discret. Quel était le rapport avec ça ? Il ne prenait qu'un peu de bon temps, ce n'était pas un rendez-vous ou quelque chose comme ça. Mais accepterait-elle seulement d'entendre raison ? Le jeune homme ouvrit la bouche pour répliquer mais le voix de Juliette retentit avant lui. Elle voulait partir, sans doute affectée par les propos de sa petite amie. Sirius s'était un instant tourné vers elle et il lui lança:

Non, Juliette ! Reste ici !

Il voulait prouver à la Serdaigle qu'il ne s'était rien passé. S'avançant à grands pas vers cette dernière, il finit par s'arrêter à quelques mètres et répondit sur une voix de reproche:

Enfin Chanoux ! Tu me fais confiance non ? Juliette n'est qu'une amie ! Je l'ai rencontré par hasard dans la grotte et pour se détendre un peu, on s'est baigné ! Il n'y a rien de mal à ça ! Si tu commences à être jalouse, ça n'amènera à rien, tu m'entends ?! Notre relation n'en sera que négative

Car il était profondément agacé de l'attitude de la jeune fille.... Mais il était aussi très déçu qu'elle puisse penser ça de lui. Il savait se tenir tout de même, et voila qu'elle se mettait à se faire des films par pure jalousie ! Il croyait pourtant avoir été assez clair avec elle depuis le temps. Du coup, attendant une quelconque réponse d'une des deux élèves, il croisa alors les bras sur son torse, se retournant un instant pour vérifier si l'autre était toujours là.

(i]En se retournant une dernière fois, Sirius put voir avec un certain soulagement que Juliette n'avait pas bougé. Et lorsqu'il reporta son attention sur Chanoux, il s'aperçut qu'il avait froid. Son plongeon l'avait amené à être mouillé, et l'eau était plus fraîche que l'océan... C'est pourquoi il se mit à frissonner de froid. Akantha, elle, semblait se détendre. Elle n'aurait peut-être pas à freiner le jeune homme dans une course qu'une colère incontrôlable l'aurait amené à dire des bêtises, des choses qu'il aurait sans doute regretté. Incapable donc de s'asseoir, elle fit quelques pas vers le pied d'un arbre et s'y allongea comme elle le put, observant toujours du coin de l'oeil la conversation.

Sirius s'était donc tut, s'attendant à toute sorte de réaction de la part de la jeune fille. Qu'allait-elle faire cette fois ? S'énerver encore plus ? Pleurer de plus belle ? Ce dernier point fut confirmé par la venue de nouveaux sanglots. Le coeur battant à cette vue-là, il s'empêcha pourtant de flancher. Elle devait tout de même comprendre ! Même s'il avait été un peu dur avec elle, c'était vrai. C'est sans doute pourquoi elle lui expliqua la situation, d'une voix désolée et presque désespérée. En l'entendant parler, le Gryffondor se détendit légèrement, se redressant. C'était donc ça ? Tout le monde parlait derrière son dos ? Et même son dos à lui ? Cette fois, la rage du jeune homme fut tournée vers ces personnes qui avaient fait courir ces rumeurs, surtout qu'il s'agissait des amies de Chanoux. Ses traits se crispèrent, n'ayant pour envie que de rabattre le caquet de ces personnes. D'accord, il avait déjà trompé des filles. D'accord, c'était un coureur de jupons. Mais il aimait la Serdaigle désormais ! Il l'aimait. Et pour se convaincre lui-même, mentalement, il se répétait en tête cette phrase, sans même être interrompu par la louve qu'il aurait pourtant cru entendre.

Il s'approcha alors légèrement d'elle, boitant le moins possible. Puis il soupira, après avoir planté son regard de nuit dans celui de la métamorphomage, puis après l'avoir longuement regardé, dévisagé, il soupira... Il ne savait plus quoi penser, et ne savait pas quel sentiment prenait le dessus, entre le désolement et la colère. La colère pour le moment, sans doute... Mais alors qu'il s'apprêtait à répliquer, Juliette intervint de nouveau. Il se tourna alors vers elle, voulant s'excuser et faire part de ses pensées. En la voyant ainsi, Sirius lui accorda un léger sourire reconnaissant puis se tourna de nouveau vers Chanoux. Le poing toujours serré, mais cette fois pour une raison différente, il s'exclama en sa direction:[/i]

Je n'arrive pas à croire qu'on ait dit ça ! Et je suis même sûr que ce sont elles.

N'importe qui aurait pu comprendre de qui il parlait à cet instant. Elles. C'était les "suspects" n°1 pour une telle bêtise. La jalousie les avaient entraînées à dire n'importe quoi à Chanoux pour l'éloigner de Sirius. C'était tout à fait typique. Mais forcément, si elle les croyait, tout irait mal. C'est pourquoi, après un énième soupir, il expliqua à cette dernière, la mine désolée, en mettant une main sur son bras:

Je suis persuadé que c'est faux aussi. Mais si elles font ça, c'est pour nous éloigner l'un de l'autre, tu comprends ? Si tu les crois, elles gagneront, et ce sera fini. Or tu as dit toi-même que ce n'était pas ce que tu voulais.

Ainsi, pour la rassurer, il lui adressa un léger sourire.