Perdue dans ses pensées...

Andromeda était là, à ne rien faire, elle arborait comme d'habitude son visage impassible, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Elle pensait qu'ici elle avait découvert qui elle était vraiment, grâce à son merveilleux familier, Aylana. Perdue dans ses pensées, ses yeux devinrent vagues, ses traits si dures et froids se radoucirent, comme ça elle paraissait plus... Humaine. Elle qui donnait l'impression de ne ressentir aucun sentiment d'habitude, bien que ce ne soit qu'une apparence, semblait être une fille normale à présent, une fille sans histoire.
Pourtant ses pensées était loin d'être joyeuse. Elle s'était perdue dans un souvenir douloureux, celui qui l'avait poussé à se créer une carapace. Elle se remémorait le jour où elle avait acquis cette petite cicatrice à coté de son nouveau tatouage. Le jour où elle s'était rendue compte de la haine qu'elle vouait à sa famille. En vérité elle se souvenait plus d'après la bagarre que pendant. Elle se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait ressentie de ce qu'elle avait fait, en détail.

~~8 ans auparavant~~

Andromeda regardait le ciel à travers la fenêtre, elle était dans sa chambre, elle venait de se battre avec Bellatrix qui l'avait blessé à l'épaule gauche. Son tee-shirt blanc était taché de sang à la place de sa blessure mais la fillette de neuf ans ne s'en préoccupait pas.
Elle voulait partir loin, très loin. Elle ne voulait plus subir son aînée et le reste de sa famille. Ils étaient tous plus idiots les uns que les autres. Elle les détestait. Désespéré, elle se jeta sur son lit face contre le couvre-lit blanc, la chambre était magnifique mais la petite fille n'aimait pas y être. Elle avait l'impression de se trouver dans une prison dorée.
Elle ressentit une vive douleur à son épaule, elle se leva et essaya de la regarder dans le miroir, après avoir un attrapé un magnifique torticoli elle y arriva et... Sa blessure avait déjà cicatrisé, c'était impossible ! Deux heures auparavant elle saignait encore. Encore ses pouvoirs de sorcière.
Elle se jeta de nouveau sur son lit et se mit à lire. Que pouvait-elle bien faire dans cette maison ? Rien, elle était consignée par sa mère dans sa chambre alors que c'était Bellatrix qui l'avait blessé, elle elle n'avait rien fait. C'était une des nombreuses vacheries de sa mère. Elle sentit ses longs cheveux lui chatouiller le visage, elle adorait ça.
Elle entendit un léger bruit. On frappait à sa porte. Qui est-ce qui venait la voir ? Elle n'en avait aucune idée. Elle se releva et répondit de sa voix paisible et distincte :

"Entrez !"

Andro regarda Narcissa ouvrir la porte timidement. Que venait-elle faire là ? La fillette n'en avait aucune idée mais n'ouvrit pas la bouche, finalement ce fut la petite blonde qui parla la première :

"-Merci d'avoir refusé !
-C'était normal ! Pars maintenant !"

Meda avait ordonné sa dernière phrase d'un ton paisible mais lasse et ce fut la fin de la conversation.
Narcissa s'empressa d'obeir. La fillette se retrouva de nouveau seule. Elle ne voulait parler à personne, comme d'habitude. Même lorsqu'elle était de bonne humeur elle ne parlait pas beaucoup. Elle n'aimait pas les personnes bavardes. Ce qu'elle voulait c'était une vraie amie, une à qui elle ne mentirait pas, une qui ne lui mentirait pas. Encore trois ans et elle entrait à Poudlard... Poudlard... Dans quelle maison entrerait-elle ? Elle s'en fichait, toutes se valaient. Serpentard, Gryffondor, Serdaigle ou Poufsoufle c'était pareil pour elle.
Elle retourna à sa fenêtre, pour observer le ciel gris. Elle commença à jouer avec ses cheveux, elle ne comprenait pas pourquoi sa mère ne l'aimait pas. Elle était jolie, polie. D'accord elle était désobeissante, mais c'était parce qu'on ne l'aimait pas.

**Et moi ? Est-ce que j'aime quelqu'un ?**

La réponse était non, elle n'aimait aucune des personnes qui l'entouraient, aucunes ne méritaient son amour. elle les haïssait tous autant qu'ils étaient... Sauf Sirius, lui elle le supportait. Il n'était pas aussi détestable que les autres. Et Narcissa était juste idiote, elle n'était pas méchante comme Bellatrix. Elle se retourna elle voulait partir loin d'ici. Pourtant elle n'avait que neuf ans.

~~Retour dans le présent~~

Et maintenant ? Est-ce qu'elle aimait quelqu'un ? Elle était bien incapable de répondre à cette question. Elle savait qu'elle adorait son familier, Aylana mais à part ça elle n'en avait aucune idée. En tout cas elle détestait Bellatrix toujours autant, voir plus si c'était possible, tout comme sa mère. Andro avait tellement changé depuis quelques temps qu'elle ne se reconnaissait même plus certains jours...
Une lueur triste brilla dans ses yeux et elle effleura sa cicatrice. Elle vit son familier arriver à pas feutrés, elle lui sourit.

"-Que faisais-tu ?
-Je chassais espèce d'idiote !
-Et comment aurais-je pu le deviner ? Je n'ai jamais eu de chat avant moi !
-J'avais remarqué !
-Qu'est-ce que tu es en train d'insinuer sale matou ?
-Je suis une femelle !
-M'en fiche !
-A quoi pensais-tu ?
-Je t'en poses des questions moi ?
-Tu l'as fait juste en début de conversation ! Alors ?
-Pas envie d'en parler !"

La conversation fut close après ça, Aylana se réfugia dans les bras d'Andromeda et se mit à ronronner. La septième année se mit à la caresser du bout des doigts. Ses traits étaient de nouveau durs et froids, son regard n'était plus vague, il était comme d'habitude, profond et décidé, une légère lueur triste restait cependant. Elle se retourna vivement en entendant quelqu'un arriver...

Sirius, tout comme Akantha, avait le moral à zéro. Plus aucun sourire n'avait traversé son visage depuis une longue et douloureuse journée à présent. Car le jour précédent, il y avait eu cette terrifiante bataille contre les Mangemorts, celle qui avait généré tant de peur et de larmes de la part des élèves de Poudlard. Mais les disciples du Seigneur des Ténèbres avaient enfin disparus, d'un coup, en fumée, laissant les jeunes gens s'occuper seuls d'eux-mêmes. Et ce que Sirius avait vu depuis leur départ était catastrophique. L'île paradisiaque sur laquelle ils vivaient tous depuis quelques temps était devenue comme l'Apocalypse. Le temps s'était peu arrangé. Il ne pleuvait plus mais tout était plongé dans un épais et sombre brouillard qui rappelait à chacun le désastre qui avait eu lieu. L'eau auparavant turquoise était à présent semblable au Mercure, et le Gryffondor en était presque dégoûté. Mais surtout, il était dégoûté de voir tant de malheurs devant lui. Tant de blessés, tant de morts. À chaque mètre qu'il faisait, il voyait un cadavre d'élève ou un groupe d'adolescents tentant d'en soigner un autre. À chaque instant, le jeune homme ravalait vaillamment ses larmes, le regard terne et rempli de haine. Ah, s'il pouvait revenir en arrière ! Il aurait du n'avoir aucune pitié ! Il aurait dû tuer ces meurtriers, au risque d'en devenir un lui-même.

Car lui aussi, il avait subi des dégâts. La veille, vers la fin de la bataille, alors qu'il tentait de s'approcher du cadavre d'une fille de première année, il avait été touché par un sortilège qu'il n'avait pu identifier. Après avoir été élevé dans les airs, il était lourdement retombé sur le sol, près d'un buisson. C'était là que Chanoux était revenue auprès de lui, et qu'elle l'avait amenée avec difficulté près des autres, au camp. C'était également à cet instant que Sirius n'avait pu retenir ses larmes plus longtemps. Au moins, elle était ni morte, ni blessée. Mais où étaient Lily, James, Remus et les autres ? Il ne les avait pas vu depuis et il devait s'avouer qu'il se faisait un sang d'encre pour eux. Ils n'étaient toujours pas réapparus, à moins qu'ils n'aient pas encore réussi à se croiser.
Quoi qu'il en soit, Sirius avait été bien blessé, lui. Le bras sur lequel il était tombé était fracturé et il avait des déchirures musculaires aux cuisses. Ainsi, il marchait avec difficulté et chacun de ses pas lui arrachaient des grimaces de douleur. Tout ce qu'il devait faire, c'était attendre... Même pour son bras. On avait fait son bandage le matin, après que lui-même, refusant de se reposer malgré les protestations, ait réussi à soigner quelques élèves. Heureusement, étant petit, il avait dû apprendre à se soigner seul car ses parents n'avaient jamais été très cléments avec lui. C'est pourquoi il avait quelques (faibles soient-elles) notions en médecine. Et on lui avait fait le meilleur bandage possible, avec les moyens qu'on avait. C'était toujours ça. À présent, il avait un bras dans le bandage et il avait beaucoup de peine à marcher. Et puis, il ne fallait même pas parler des multiples égratinures qu'il avait récolté et de cet affreux oeil au beurre noir causé par la chute. On ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait bonne mine... Mais il se fichait de sa propre tête alors qu'il savait que d'autres personnes de son âge voire même plus jeunes que lui souffraient cent fois plus, ce qui ne lui apportait que de la rage incontrôlée et de la haine envers le Lord.
Les cadavres des défunts avaient presque tous été transportés sur la plage, correctement alignés pour ne pas former un grossier tas de corps. Sirius se trouvait debout, près d'eux, le regard vague. Il était méconnaissable. La mine sombre, tout comme son regard, il pensait à toutes les horreurs qu'avaient du subir les personnes devant lui. Quand un élève de Poufsouffle, dont le familier était un colibri et qui était lui aussi en dernière année s'approcha pour apporter un nouveau cadavre. Le Gryffondor le suivit du regard avec horreur, en rage contre le fait qu'il ne pouvait aider personne. Le garçon aussi crut s'en apercevoir:

Cette fille, disait-il en désignant le corps qu'il portait, était venue me voir, il y a quelques jours. Elle m'a avoué qu'elle ne savait pas nagé, et qu'elle avait peur de la réaction des autres. Je voulais l'aider.

Sirius regarda le garçon avec un regard sans lueur, triste, qui ne lui ressemblait pas. Puis son regard s'abaissa lentement vers la petite blonde à l'air paisible, comme endormie. Elle n'aurait donc jamais appris à nager. Le poing de son bras valide se serra, enfonçant de nouveau ses ongles dans sa peau, et rouvrant la plaie qu'il s'était faite de cette même manière. Le garçon de Poufsouffle détourna son regard de Sirius, comprenant qu'il ne voulait pas répondre. Et ce dernier, incapable de rester plus longtemps près des morts, se leva, chancelant. Il dut attendre quelques secondes avant de pouvoir marcher, mais le même garçon se précipita près de lui, après avoir posé la petite fille près des autres, et passa le bras du Gryffondor autour de ses épaules, avec un "je vais t'aider". C'était bien un Poufsouffle... Sirius hocha la tête, l'air trop dépité pour pouvoir l'empêcher. Il murmura alors:

Je... Il faut que j'aille voir mon familier, au campement neutre.

Le Poufsouffle acquiesça, et aida le pauvre jeune homme à rejoindre ce campement. Sirius allait enfin voir Akantha, depuis la veille. Qu'elle lui avait manqué, elle aussi. Et elle, elle ne pouvait pas bouger, sa nature l'en empêchait. Ainsi, arrivé près de la tente, le Gryffondor remercia simplement le garçon, puis il entra à l'intérieur. Ce qu'il y vit lui fendit le coeur. Ici aussi, il y avait un beau rassemblement de blessés, près desquels ceux qui étaient en état tentaient de les soigner. Quelques uns d'entre eux levèrent le regard vers lui lorsqu'il se retrouva dans l'encadrement. N'osant affronter le regard malheureux et misérable de chacun d'eux, il se dirigea vers les familiers, installés près des autres. Il n'avait même pas fais gaffe aux personnes présentes. Quand il repéra enfin son familier. La louve était allongée sur le flan, sur une table recouverte d'un drap. Les larmes aux yeux, il s'approcha d'elle, et avec sa main valide, il éffleura son pelage d'argent. Il murmura:

- Akantha... C'est ma faute si tu es dans cet état... Je suis si désolé.

La louve ferma les yeux, et elle souffla de sa voix chaude et grave:

- Ne t'excuse pas... Nous sommes toujours en vie. J'ai vu Chanoux, elle s'est occupée de moi aussi. C'est une fille bien.

Il hocha la tête, le coeur déchiré de voir l'animal ainsi blessé. Connaissant bien entendu ses pensées, il répondit sans le moindre ton dans la voix, visiblement incapable de le faire:

- Ne t'apitoie pas sur moi, s'il-te-plait. Je serai sur pieds d'ici un rien de temps. Toi, en revanche, tu risques d'en avoir pour plus long... Avec ton bras... et ton oeil.
- Oui, je sais... Tu as vu Remus ? ou James ? Ou même Lily ?

En guise de réponse, il eut un marmonnement. Non... Ils étaient restés invisible. Sirius soupira, et sentit de nouveau l'angoisse revenir vivement en lui. Il déglutit, tandis qu'elle lui soufflait faiblement qu'ils devaient sûrement aller bien. Le jeune homme la regarda un instant, puis s'assit dans un fauteuil près de l'endroit où son familier reposait... L'esprit toujours embrumé de sentiments qui tourbillonnaient inlassablement, il regardait l'animal sans le voir. S'il pouvait revenir en arrière...

[Bon désolé, c'est peut-être un peu long, et je me suis un peu éloigné du contexte. Si ça te gêne, j'éditerai ^^ Mais comme c'était la fin de la bataille, je pense que je pouvais pas trop faire autrement. Et puis, il risque d'y avoir pas mal de fautes, j'ai pas relu >.>]

Sirius avait l'impression d'avoir le coeur lourd... Très lourd. Mais également vide, ce qui était complètement illogique. Et ce à quoi était tout aussi illogique. Il éprouvait une totale confusion et ne savait plus à quoi penser. Le regard dans le vague, rivé sur son familier, il finit par passer lentement sa main valide sur son visage, se massant les tempes au passage. Sa peau était brûlante... Allons donc, il aurait en plus de la fièvre ? Il fallait dire que l'orage était idéal pour attraper une telle saleté. Et puis... Qu'esperait-il ? Se réveiller d'un horrible cauchemar ? Il avait déjà oublier cette hypothèse depuis longtemps, la douleur était hélas bien réelle, ainsi que la peur et la rage. Et à cet instant, il avait l'impression de ne plus avoir de but dans la vie, de se retrouver seul. Et dire qu'il n'avait toujours pas eu de nouvelles de la part de James ou de Remus... Ou de n'importe qui. Pas même Rogue... Il ne savait pas si cet horrible serpent avait survécu. Il était même peut-être parti de leur côté, assassinant des pauvres élèves qui reposaient à présent sur la plage, aux côtés d'une bonne centaine d'autres cadavres. Le coeur du Gryffondor se serra de nouveau en se souvenant de tous ces visages qu'il avait vu un peu plus tôt. Certains avaient la chance d'avoir les yeux fermés. Mais d'autres avaient toujours les yeux ouverts, et Sirius y avait vu avec horreur comme le reflet de la Mort et de la Terreur qu'ils avaient dû éprouvés.

Quand une voix le tira de sa torture psychologique. Et il crut que ce retour à la réalité dura plusieurs minutes, tant il était plongé dans des pensées sombres et sinistres. Etait-ce à lui qu'on s'adressait ? Il retira la main de son visage brûlant, et son regard resta un instant fixé sur le tissu du fauteuil. Puis lentement, il releva la tête. C'était Andromeda. Peut-être la seule personne de sa famille qu'il pouvait supporter. Et la personne appartenant à la maison Serpentard aussi. Et elle ne souriait pas. Qui pourrait sourire à un pareil moment ? Au soulagement de Sirius, elle ne semblait pas gravement blessée. Par contre, elle semblait elle aussi dévastée par la bataille qui avait eu lieu. Sirius la regarda quelques secondes, comme surpris de la voir là. Lui non plus n'avait pas cet éternel aux lèvres. Même s'il l'aurait voulu, il n'aurait certainement pas pu. Il était trop déprimé par ce qu'il venait de se passer. D'un revers de la même main, il essuya son visage, retirant ainsi les reflets larmoyants que pouvait avoir ses yeux. Puis il murmura sur un ton comme déchiré, qu'on ne lui aurait jamais cru possible:

Salut...

Il déglutit, puis tourna la tête vers le familier. Maintenant qu'il y pensait, il ne l'avait pas vu depuis qu'ils étaient tous arrivés sur cette île, et c'est pourquoi il n'avait pas remarqué que son familier était... un chat noir. Après lui avoir jeté un coup d'oeil qui dura quelques secondes supplémentaires, il ramena son regard sur sa cousine. Il semblait complètement au ralenti... Et il l'était. Il avait encaissé un tel choc en voyant tant de personnes désarticulées, comme des pantins que son cerveau ne fonctionnait pas aussi vite que d'habitude. Ce devait également être le cas de beaucoup de monde:

Tu n'es pas trop blessée ? demanda-t-il d'une voix anormalement traînante et grave.

Oui... à quoi bon lui demander si elle allait bien ? La réponse était si évidente. C'est pourquoi il lui demanda si elle n'avait rien de grave. À en voir son état et celui de son familier, il aurait pensé que non, mais sait-on jamais... Et puis, faire une réflexion au niveau des malades pourrait être totalement idiote. Il se sentait suffisamment imbécile comme ça, à rester dans son coin, incapable de soigner aussi bien certaines personnes que d'autres. Il aurait au moins souhaité être dans un état assez bon pour pouvoir aider les blessés. C'est pourquoi il se sentait... honteux. Il avait été blessé si bêtement, lui...

Alors que Sirius attendait patiemment la réponse de sa cousine, il vit cette dernière tourner un instant le regard vers quelque chose qui se trouvait hors du champ de vision du Gryffondor. Ce dernier tourna alors la tête, mais tout ce qu'il vit n'était que la même misère que lorsqu'il était entré, rien de plus. La petite fille qu'avait dû voir Andromeda à cet instant était invisible au jeune homme, puisqu'elle se fondait dans la masse des blessés et il aurait eu du mal à deviner qu'il s'agissait d'elle en particulier. Quoi qu'il en soit, sa cousine reporta finalement son attention sur lui. Son visage était crispé à elle aussi, mais il ne fit aucun commentaire. De plus, elle avait répondu... qu'elle l'était moins que lui. Le Gryffondor baissa aussitôt la tête, avant de remonter le regard vers Akantha, qui semblait à présent plus paisible que quelques minutes plus tôt, ce qui le soulageait un peu, dans un sens.

Elle avait raison... Et puis, il avait été sérieusement amoché. Mais il ne répondit rien. Il eut seulement un hochement de tête. Il n'osait pas se morfondre... Il y avait beaucoup de personnes qui pouvaient, elles, mais pas lui. Il avait eu beaucoup de chance finalement. Et si Bellatrix l'avait trouvé alors qu'il était au sol, incapable de bouger ? Si elle l'avait vu bloqué ainsi, avant que Chanoux elle-même soit arrivée auprès de lui ? Il serait sûrement mort, et serait actuellement près des corps aux côtés desquels les amis des défunts pleuraient toutes les larmes de leurs corps. L'espace d'un instant, il s'imagina avec eux, allongé sur le sable fin, les yeux fermés... Chanoux serait-elle en train de le pleurer ? Avec James, Remus, Peter... Lily et Alexandrie aussi peut-être. Mais il chassa rapidement cette image de sa tête. Il avait eu de la chance. Même si ses amis n'avaient toujours pas réapparus. Mais il se força de ne pas y penser, à ça aussi. Et puis, il ne voulait pas non plus se réjouir d'avoir été chanceux. Comment pourrait-on se réjouir alors qu'on avait vu tant de sang innocent couler ?
Une nouvelle fois, avec un certain effort, il revint sur terre. Juste à temps pour voir le chat noir sauter sur les genoux d'Andromeda qui le rejeta presque aussitôt. Sirius haussa les sourcils. Par Merlin, pourquoi avait-elle fait ça ? Les familiers étaient sensés être une source de réconfort pour les êtres humains, ils étaient leurs gardiens, dans un sens. Et... elle rejetait cette protection ? Toujours un peu surpris, le Gryffondor suivit l'animal du regard qui s'éloigna d'eux pour aller voir d'autres malades. C'était... étrange. Mais il ne put aller plus loin dans sa réflexion car il entendit comme un bruit de sanglots qu'on tentait d'étouffer. Vivement, il tourna la tête pour regarder de nouveau sa cousine. Elle pleurait, et était même submergée par un flot de sanglots qu'elle semblait ne pouvoir retenir.
Sirius comprenait parfaitement sa réaction. Elle s'était... laissée aller. Et même si le jeune garçon ne connaissait pas la véritable raison de ses larmes, il se tordit légèrement pour poser son bras valide sur l'épaule de la jeune fille. Il n'osait pas prononcer un mot, et sa gorge était sèche. Les sanglots de sa cousine avait ravivé son chagrin, et lui-même se sentait inapte à parler. C'est pourquoi il attendit que ça passe. Et cela mit quelques secondes de plus. Puis finalement, lorsqu'elle se calma enfin, il retira la main de son épaule, et voulut sourire. Mais il n'y arriva pas. C'est pourquoi il se passa la main dans les cheveux et murmura dans un souffle à peine audible:

Pleurer soulage parfois... Tu te sens soulagée maintenant ?

Et ce fut tout. Il se demandait vraiment si c'était le cas pour elle. Lui, il avait laissé couler ses larmes après la bataille, incapable de les retenir plus longtemps. Et pendant quelques heures, il s'en était trouvé apaisé... Finalement, ça pouvait faire du bien de verser quelques larmes...

Un gémissement de douleur retentit non loin des deux cousins. Un frisson parcourut le corps de Sirius qui sentit comme ses cheveux se hérisser sur sa nuque. Attendant la réponse d'Andromeda, il tourna la tête autant qu'il le put pour finalement voir un élève d'une quinzaine d'années qui transpiraient. Deux autres élèves étaient sur lui et venaient de lui arracher des entrailles comme un bout d'une matière non identifiée par le Gryffondor. Au moins, il avait beau souffrir, il allait s'en sortir, ce qui réconfortait maigrement Sirius... Un vivant en plus, c'était déjà ça.
Quand soudainement, une voix s'exclama à ses côtés qu'elle "la" haïssait. Le garçon sursauta et se tourna vers sa cousine qui venait de parler. Non visiblement, elle ne se sentait soulagée en rien... Mais de qui parlait-elle ? À vrai dire, il ne le comprit pas immédiatement, mais il apprit par ses propos que cette personne avait tué l'amie d'Andro. À cette nouvelle, il se figea un instant. Ainsi, la meilleure amie de sa cousine était morte elle aussi ? Il comprit alors pourquoi elle venait de pleurer de cette manière, et pendant un bref moment, il baissa la tête, fixant avec intérêt le jean qu'il portait. Sa main droite, précédemment posée sur l'épaule d'Andromeda et qui à présent était sur sa cuisse commença à serrer le tissu. Il devait décidément arrêter ce réflexe débile de s'enfoncer les ongles dans la paume de la main en créant ainsi de nouvelles cicatrices. Du coup, c'était son pantalon qui prenait tout. Puis il releva le regard et dit dans un nouveau murmure:

Elle est morte à la bataille...

Puis il soupira... Un long soupir dans lequel il tentait d'expulser tout sentiment négatif qu'il éprouvait. En vain, bien entendu. Il n'en allait pas mieux et une fois de plus, les larmes lui vinrent rapidement aux yeux. Larmes qu'il retint encore et toujours, avec lassitude. Puis Andromeda lui demanda qui l'avait blessé. Relevant vivement la tête, elle ajouta "est-ce elle ?". Ces dernières paroles résonnèrent dans son esprit, et il eut un déclic. Il sut immédiatement de qui elle parlait à présent. Bellatrix... Il y alors un pli qui apparut entre ces sourcils, puis il dit, la voix rauque:

Non... Elle m'aurait achevée dans l'état où j'étais. Je... Je ne sais pas qui m'a fait ça. Je n'ai vu que le sortilège arriver sur moi.

En plein milieu de sa phrase, il avait détourné le regard, allant de sa cousine jusqu'à son familier qui semblait dormir paisiblement. Elle devait sans doute les entendre, comme elle savait à quoi lui pensait à chaque instant. Mais ce devait être pour se reposer. Elle aussi avait fourni beaucoup d'efforts et elle méritait vraiment de se reposer un peu. Lorsqu'il reporta son attention sur la jeune fille, il s'aperçut que le familier de cette dernière venait de sauter sur ses genoux. Sirius cacha sa surprise... Elles avaient vraiment une curieuse relation...

En observant sa cousine, Sirius remarqua qu'elle même avait le regard rivé dans le vague. Ou peut-être regardait-elle quelqu'un... Il ne savait pas trop, mais pour ne pas qu'elle ait l'impression qu'il la dévisage, il détourna le regard pour le reporter sur Akantha. Un léger sourire traversa son visage en l'espace d'un instant. Il pensa alors en faisant attention de ne pas y aller trop fort, comme à chaque fois:

# - Tu as intérêt à bien te reposer. Maintenant, ça fait bizarre de se trouver tout seul. C'est comme un vide... #
# - Ah, tu peux plus te passer de moi ? C'est comique ça. Bah t'inquiète, je suis aussi solide que toi. #
# - Je sais ça ! C'est pour ça que je suis sûr que tu seras sur patte en un rien de temps. #
# - Eh bien... Tu as beau en avoir pris un coup sur le moral, tu es resté toujours aussi opiniâtre. #

En temps normal, Sirius aurait rit. Mais cette fois-ci, il n'y arriva pas. Et puis bon... C'était normal il fallait dire. Puis une cette fois encore, son attention fut attirée par un nouveau bruit. Il tourna alors la tête pour remarquer qu'Andromeda n'était plus assise à sa place. Curieux de savoir ce qu'elle faisait, le Gryffondor la suivit du regard. Elle se dirigea alors vers une petite fille en larmes qui lui prit docilement la main, sans le moindre mot. Le jeune homme en resta surpris. C'était donc elle que sa cousine regardait depuis tout à l'heure... Et il était également étrange de voir un Serpentard aussi "attentionnée" avec un élève d'une autre maison et qui plus est, était aussi jeune. Ainsi, lorsqu'elles revinrent à deux, pour s'asseoir à la même place, Sirius esquissa un sourire douloureux à la première année installée confortablement sur les genoux d'Andro. Mais il devait être évident que c'était forcé, et en aucun cas il n'avait envie de se montrer ainsi, car quelques secondes plus tard, son visage était redevenu sombre. L'indignation qu'il ressentait à l'égard des Mangemorts s'était à peine apaisée, mais lorsque sa cousine parla une nouvelle fois, il leva le regard vers son visage et évacua de son esprit toutes les pensées possibles concernant les disciples de cet être infâme qu'était le Seigneur des Ténèbres.

Se reposer ? Lui ? Comment pourrait-il se reposer dans une telle situation ? Comment pourrait-il ne serait-ce que s'endormir en sachant que tant de personnes agonisaient à quelques mètres de lui ? Et puis, il ne fut que peu étonné de la dernière phrase de sa cousine favorite. Curieusement, cela avait été un peu plus brutal que ces dernières paroles, mais il trouva ça compréhensible. Peut-être était-ce ainsi qu'elle éprouvait la douleur d'avoir perdu sa meilleure amie. Et ce serait peut-être de cette même manière qu'il réagirait lui-même s'il apprenait quelques minutes plus tard que James, Remus, ou même Peter venait de mourir. Après tout, il n'avait toujours pas eu de nouvelles. Il se gifla alors mentalement, une énième fois. Il ne devait PAS y penser. Du coup, pour oublier cette dernière pensée, il répliqua:

[b]Je sais bien... Mais comment veux-tu que je me repose dans un moment pareil ? C'est impossible.

Puis il soupira, et baissa un instant le regard vers la petite, curieux de savoir quelle relation elle avait avec Andromeda...

Sirius eut un léger soupir, pour la énième fois. Il avait l'impression d'avoir soupirer plus de fois durant les quelques jours que dans sa vie entière. Il fallait dire que le "soupireur en chef" était Remus, lorsqu'il tentait vainement de ramener ses deux meilleurs amis à l'ordre. Mais le jeune homme secoua la tête, soudainement, en se giflant mentalement. Par Merlin, il devait arrêter de se faire du mal ainsi ! Penser à eux ne ferait que l'angoisser encore plus, et il était suffisamment tendu comme ça. Il attendit alors que sa cousine prenne la parole, espérant qu'elle le tirerait de ses sombres pensées.

Raté. Elle posa justement la question qu'il ne fallait pas poser. En l'entendant, Sirius perdit quelques couleurs supplémentaires. Il ne devait décidément pas avoir bonne mine. Et ce qu'elle lui dit le ramena aussitôt dans ses souvenirs. Il sentit un noeud se former dans son estomac. Et plongé dans ses pensées, ce qui devenait de plus ou plus fréquent, il ne fit même pas attention au cri de triomphe qui s'échappait d'une jeune fille non loin de lui qui venait de sauver la vie d'un blessé. Quoi que... Peut-être ce blessé sauvé était-il une de ces connaissances ? Ne s'étant même pas rendu compte du du hurlement de joie poussé par la fille, il ne put se poser la question.
Et du coup, il ne se rendit pas compte qu'Andromeda aussi avait eu un instant d'égarement. Ses pensées n'étaient dirigés que vers James et Remus. Après tout, ils étaient les premiers amis qu'il avait eu. C'était les premières personnes qu'il avait rencontré à Poudlard et qui lui avaient offert de l'amitié. Et après six ans passés ainsi, cette amitié ne s'était que solidifié. Et si le Gryffondor perdait l'un d'eux, jamais il ne pourrait se le pardonner. Il culpabilisait déjà suffisamment avec des élèves qui n'étaient que des connaissances. Mais au moins, il savait que Chanoux allait bien. Sur cette dernière pensée, il retrouva un semblant de courage et releva la tête, pour répondre à la question de sa cousine:

Je ne sais pas...

Sa voix était anormalement traînante et grave, comme s'il craignait qu'évoquer une éventuelle mort d'un de ses amis pourrait la causer.

Je ne les ai pas vus depuis le début de la bataille. finit-il par achever entre deux profondes inspirations.